On s'était couché. Moi, dans le hamac imprégné de l'odeur de l'homme des bois propre et séduisant, et Grégoire, pas très loin, sur des couvertures étalées par terre, avec Rikki à ses pieds.
Évidemment, on continue à parler. Je le distingue à peine. C'est meilleur dans l'obscurité qu'en plein jour. J'ai constaté depuis un bout de temps que le hamac était assez grand pour deux, mais je n'ose pas le faire remarquer.
-Grrr...
-Arrête, je t'ai déjà dit que c'était pas drôle !
Lui, bien sûr, ça le fait rire.
-Regardez-moi cette chochotte morte de trouille au fond de son lit ! Faut-il venir te border ?
-Si tu t'obstines à vouloir me faire peur, il va falloir, oui.
Du coup, il continue. Je lui tourne le dos, faussement vexée. Ma bulla se coince sous mon épaule. Pour ne plus être gênée, je l'enlève, mais je loupe la table de chevet et la médaille roule par terre.
-Qu'est-ce que tu fais ?
-Rien, j'enlevais ma bulla.
-Ce n'est pas le pendentif que portent tous les Bénévolents ? Comme une médaille de baptême ?
-Seulement les enfants. Ensuite, on doit l'enlever à dix-huit ans. En général, ça colle avec l'appariement. J'aurais dû l'enlever il y a plusieurs mois, déjà.
-Ah...
Après un silence que je trouve anormalement long, Grégoire ajoute :
-Je ne pensais pas que tu étais aussi jeune.
Sa voix est devenue terriblement neutre. Je réponds oui, pour poursuivre la discussion, mais elle meure là. Dans ma gorge, une grosse boule se forme.
Je préférais encore quand il imitait le monstre des bois.
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