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-Marcelle, j'ai p'têt pas envie de tout raconter tout de suite.
-Pas de soucis, t'es pas en garde-à-vue, sauterelle. En revanche, tu vas me reprendre une part de cake, je suis sûre que t'as bouffé que dalle ces derniers jours. Et bois ta tisane.
J'obéis, surtout pour lui faire plaisir. Je lui dis comment Lu m'a retrouvée, comment elle a décidé de m'accompagner.
-Alors celle-là, quand elle ramènera ses miches par ici...
Elle se tait, à nouveau émue. Lu sur l'île, c'est un nouveau coup dur. Elle se ressert une tasse de café, dans lequel elle verse une bonne dose de liqueur. J'enchaîne sur la traversée de l'île, celle du dortoir, la fuite. Je ne sais pas raconter. Je débite juste un enchaînement de faits, désordonné et confus, débité d'une voix morne, avec force bredouillements et rectifications hésitantes. Je saute l'épisode du couteau. Marcelle, comme les autres, est extrêmement déçue par le trou de mémoire. Elle pose des questions. J'en ai marre des questions.
Mais je me souviens soudain :
-Marcelle ! Ton couteau... Je... je l'ai perdu. Désolée...
-C'est pas grave, sauterelle, c'est pas grave.