Au
fil des heures, la fête a grossi, est devenue, réellement, une fête
de la musique improvisée qui se répand inéluctablement dans les
rues voisines, comme une rivière sort de son lit.
Manifestation,
manifeste, manifête !
Voilà
ce que crient les Zélés aux journalistes qui les interrogent.
Le
micro se plante devant le serveur d’un café près du rond-point,
Le Café Populaire. Ses collègues et lui n’ont pas attendu
la deuxième chanson pour gueuler que c’était tournée générale.
Ni une, ni deux, ils ont ressorti les tables, les chaises, et ont
improvisé un comptoir extérieur. Les deux autres cafés du coin et
le bar ont fini par suivre, le dernier un peu à contrecœur. La
caméra montre des manifestations avachis les canapés traînés hors
des cafés, bienheureux. Dans les petites rues, des habitants,
curieux, ont descendu chaises, tables, sono pour certains, et
s’installent.
Quelques
commerçant, frileux, ont baissé le rideau métallique de leur
boutique.
Des
auberges espagnoles se sont improvisées un peu partout. Le pain de
mie fourré à trois fois rien bourgeonne dans toutes les mains,
c'est le grand pique-nique général. Et quand on ne mort pas dans
son sandwich, on danse. Là du tango, là du rock.
Mais
surtout, ça discute. Ça débat, échange, cause, déblatère,
charre partout, dans les canapés, sur le rebord du trottoir, sur les
seuil des immeubles, accoudés aux fenêtres. Ça cause, les
étudiants avec les travailleurs, les mères avec les retraités, les
ouvriers avec les chefs d'entreprise, les fonctionnaires avec les
libéraux, les adultes avec les enfants.
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