La
tête haute avec ma tête de garçon décoiffé, mains dans les
poches, portant fièrement mes lunettes de soleil irisées tel un
adolescent en mal de séduction, je rejoins le centre-ville à grand
pas. Trajan m’a donné un peu d’argent, ce qui permet de me
réfugier tout au fond d’un café pour le reste de la journée.
Nous nous sommes donnés rendez-vous le soir, à une bouche de métro
très passante. Il doit m’apporter quelques affaires et
éventuellement, une solution de repli, si je n’en ai pas trouvée
de mon côté.
Le
café est une longue salle, étroite, coincée et écrasée par les
immeubles autour, et d’autant plus sombre que la devanture est
rendue incandescente par le soleil estival. Je commande un café et,
après une hésitation, un beignet au chocolat. La raison me dicte
d’économiser le plus d’argent possible mais qui sait, ce soir,
je serai peut-être en prison. Et ça m’étonnerait qu’il y ait
beaucoup de beignets au chocolat là-bas.
Une
pulsion bien peu bénévolente, j'en conviens.
Je
me rencogne dans un coin, en bout de banquette, face à la grande
télé qui surplombe le comptoir. Elle est allumée sur la chaîne
d’informations en continu qui ne parle que de notre manifestation.
Et
c’est beau.
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