Où
vais-je bien pouvoir aller ?
L'appartement
de Virginie ? Hors de question, il est sans doute surveillé. Et
si ceux de Clarisse, Mathieu, Thomas ou Trajan ne le sont pas
encore, ils penseront bien vitre à me dénicher là-bas.
Chercher
refuge dans l'une des multiples communautés en recherche d'autonomie
qui naissent chaque jour depuis le début de la semaine ? S'ils
ont deux sous de jugeote, ils me chasseront, car je mettrai alors en
péril leur toute jeune utopie.
Ou
alors...
Ou
alors, retourner au bercail. Fuir jusqu'au Plateau, m'enfoncer dans
la montagne, et espérer y trouver Marcelle, Corentin et Chloé. Me
cacher là-bas me paraît bien plus facile que me cacher en ville.
Le
train est en grève, je devrai me procurer un vélo et rouler jusqu'à
l'usine. De nuit, sans lumière ; même sur l'ancienne route
défoncée, à la belle étoile, c'est faisable.
Éventuellement,
voler un vélo électrique. Voler une dernière fois.
Et
puis quoi ?
Me
cacher avec les derniers réfugiés, être coupée de la ville,
laisser tout cela derrière moi sans jamais savoir ce que cela
deviendra ? J'en suis un peu responsable, de ce désordre
révolté ; un peu la mère, un peu la fille ; j'en fais
désormais irrémédiablement partie.
Mais
hors-la-loi, sans papier, même pas citoyenne, virus greffé aux
cellules presque par accident ; recherchée, enfin. Pas
longtemps, cela dit, si la révolte festive réussit. Mais comment
savoir si elle réussira ?
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