Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire d'Iris.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle de Lu ici : Les Délaissés 2
On consultera également avec profit L'encyclopédie des Délaissés !
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau.

samedi 30 mars 2019

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Quant à moi, j’ai obtenu de manière tout à fait illégale une nouvelle identité qui curieusement, ne comporte pas une seule des lettres de mes anciens noms. J’ai réussi à traverser tout le pays et, au bout de plusieurs semaines, à intégrer une petite ville en auto-gestion, très impliquée dans le mouvement zélé.
Quand le climat s'est apaisé, j'ai repris contact avec Sarah, qui ne m'a pas reconnue tout de suite. Ça fait bizarre de voir pleurer Sarah. On l'en croirait incapable. De contact en contact, prudemment, j'ai réussi à remonter la piste des évacués. Comme l'avait prédit Trajan, ils ont été soigneusement séparés les uns des autres avec une application qui forcerait presque le respect. Les procédures, déjà bien avancées quand est arrivé le Gouvernement provisoire, ont bêtement poursuivi leur cours sous sa férule, peut-être par facilité, peut-être parce qu'on voyait toujours en eux une menace pour la stabilité politique qu'on cherchait à tout prix à retrouver.
Les plus anciens ont vu leur identité ressusciter ; les natifs s'en sont vus créer une nouvelle, conforme, avec une jolie carte en plastique pour leur rappeler qui ils sont. Ceux-là, issus du néant, créés de rien, ont été les plus difficiles à retrouver.
Ceux qui ont réussi l'entretien psychologique ont très été éparpillés dans des résidences à travers tout le pays, appartement tout meublé, tout assuré, avec emploi à la clef (jusqu'aux révoltes) : espace minimum vital, aides minimales, bref on les a intégrés en ville avec, en guise de bracelet électronique, l'angoisse de ceux qui n'ont que le minimum pour survivre. On les a dès le départ si bien coupés les uns des autres qu'aucun n'a su, pendant longtemps, ce qu'était devenu son voisin, son amant, ses amis...
Les enfants bénévolents ainsi que ceux des évacués impliqués dans les violences sont devenus pupilles de l'Etat et tentent de se conformer au nouveau rôle d'élève dans des internats. Ceux-là, je les surveille de loin, car ils sont étroitement suivis par les services sociaux.
Un jour, j'ai réussi à faire passer un message dans la maison de repos où est enfermé l'Ingénieur.
Pour qu'il sache qu'il n'est pas seul.

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