Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire d'Iris.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle de Lu ici : Les Délaissés 2
On consultera également avec profit L'encyclopédie des Délaissés !
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau.

vendredi 23 novembre 2012

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Au dîner, un nouveau convive s'est ajouté, entre une Véronique survoltée et une Gauri qui reprend du poil de la bête.
Casper, cabanier de son état, sobrement vêtu d'une salopette usée, dévore à belles dents son croque-monsieur chèvre-miel. Il vient régulièrement à la Bibliothèque emprunter de la poésie médiévale. Quand il s'énerve, il change brutalement de siècle et se met à parler le français du XVème. A la fin du repas, Marcelle lui a rappelé que la salle de bain était libre et à son entière disposition.
Le lendemain, c'est Claire que nous accueillons à bras ouverts, pile à l'heure pour le repas du soir. Grande, potelée, une tignasse emmêlée en guise de chevelure, elle paraît moins farouche que le cabanier moyen.
-J'ai croisé des promeneurs, hier, a-t-elle dit. Ils m'ont raconté les dernières nouvelles. Je me suis aperçue que ça faisait plusieurs lunes que je n'avais vu personne à part des renards et des souris. Alors me voilà...
-Et tes problèmes de bide chaque fois que t'es avec des gens ? demande Marcelle sans aucune pudeur (mais cela ne semble nullement déranger Claire).
-Je ferai avec, tant pis.
-Moi, les problèmes de bide, je m'en fous, grommelle Casper. Y'a plein de place dans le dortoir où je suis, t'as qu'à venir.
-Et elle, c'est qui ? demande Claire en me montrant du doigt.
-Ben c'est Iris. Ça va faire deux ans qu'elle vit ici.
-Quoi, ça fait deux ans que je ne suis pas venue ici ?
Le surlendemain, au petit matin, la porte s'ouvre sur un troisième compère, Ursus, grand, gros, poilu.
-J'ai apporté des fraises, dit-il, en guise de salut.
Je regarde ses mains, vides.
-Sauf que j'ai eu faim en route. Je marche depuis hier. Je suis content d'être là.
-Moi aussi, Ursus, je suis contente de te voir, dit Marcelle depuis la cuisine. Mais tant que tu seras ici, soit tu mets des chaussures, soit tu te laves les pieds avant d'aller au lit !
-Moi, les pieds sales, je m'en fous, grommelle Casper. T'es le bienvenu au dortoir.

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