Deux rues plus loin, des pas
résonnent derrière moi. Je bifurque et plonge derrière les
premières poubelles, le cœur battant.
De
vieilles baskets apparaissent, surmontées d’un pantalon noir à
pinces. Ouf, c’est Trajan. Je le hèle doucement.
-Ça
va, tu n’as rien ? me demande-t-il en s’accroupissant près
de moi.
Je
secoue la tête. Son pantalon, déchiré au genou droit, laisse voir
une belle écorchure.
-Trois
fois rien, dit-il quand il intercepte mon regard.
-Personne
n’a été blessé ?
-Non,
je ne crois, et les policiers n’ont pas pu dépasser les premiers
rangs. Celui qui parlait dans le mégaphone, c’était l’un des
agents venus te récupérer à la fac, l’autre jour. Les idiots !
S’ils croient qu’en t’arrêtant maintenant, ça stoppera le
mouvement ! Ça va beaucoup plus loin, maintenant.
-Je
ne vais pas pouvoir retourner à la manif, ils doivent surveiller…
-Non,
en effet.
Trajan
ôte son sac à dos, pour en extirper une paire de ciseaux.
-Il
faut te rendre méconnaissable, tourne-toi !
En
quelques coups de ciseaux, me voilà affublée d’une gueule
d’épouvantail. Sans plus leurs boucles pour les alourdir, mes
cheveux se dressent en frisettes rebelles. Trajan ne peut s’empêcher
de rire. Il me tend un sweat trop grand à enfiler, une casquette et
des lunettes de soleil.
-Au
revoir, Iris, au revoir Solenne, bonjour Nathan, ou Antoine, ou qui
tu veux ! Tant que personne n’y regardera de trop près, ça
passera.
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