Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire d'Iris.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle de Lu ici : Les Délaissés 2
On consultera également avec profit L'encyclopédie des Délaissés !
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau.

lundi 4 mars 2019

2504


Deux rues plus loin, des pas résonnent derrière moi. Je bifurque et plonge derrière les premières poubelles, le cœur battant.
De vieilles baskets apparaissent, surmontées d’un pantalon noir à pinces. Ouf, c’est Trajan. Je le hèle doucement.
-Ça va, tu n’as rien ? me demande-t-il en s’accroupissant près de moi.
Je secoue la tête. Son pantalon, déchiré au genou droit, laisse voir une belle écorchure.
-Trois fois rien, dit-il quand il intercepte mon regard.
-Personne n’a été blessé ?
-Non, je ne crois, et les policiers n’ont pas pu dépasser les premiers rangs. Celui qui parlait dans le mégaphone, c’était l’un des agents venus te récupérer à la fac, l’autre jour. Les idiots ! S’ils croient qu’en t’arrêtant maintenant, ça stoppera le mouvement ! Ça va beaucoup plus loin, maintenant.
-Je ne vais pas pouvoir retourner à la manif, ils doivent surveiller…
-Non, en effet.
Trajan ôte son sac à dos, pour en extirper une paire de ciseaux.
-Il faut te rendre méconnaissable, tourne-toi !
En quelques coups de ciseaux, me voilà affublée d’une gueule d’épouvantail. Sans plus leurs boucles pour les alourdir, mes cheveux se dressent en frisettes rebelles. Trajan ne peut s’empêcher de rire. Il me tend un sweat trop grand à enfiler, une casquette et des lunettes de soleil.
-Au revoir, Iris, au revoir Solenne, bonjour Nathan, ou Antoine, ou qui tu veux ! Tant que personne n’y regardera de trop près, ça passera.

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